Veau premium Du veau sur paille de haut de gamme
À Espoey, dans les Pyrénées-Atlantiques, Laurent et Géraldine Nabarra se sont lancés dans l’élevage de veaux sur paille destinés aux boucheries traditionnelles.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
La ferme de Laurent Nabarra, à Nousty (Pyrénées-Atlantiques), héritée d’Olivier et Odette, ses grands-parents, a pris un nouveau départ, en 2016, lorsque son épouse Géraldine, alors aide-soignante, a décidé de quitter son poste pour rejoindre l’exploitation. « Je n’en pouvais plus d’exercer ce métier, confie la nouvelle agricultrice. J’ai pris la décision de m’installer avec un atelier de gavage de canards gras. »
Les Nabarra créent alors l’EARL du Tibou et rachètent à Espoey, à 5 km de chez eux, deux anciens bâtiments d’élevage de porcs de 840 m², désaffectés. « Dans le premier, nous avons investi 200 000 € pour créer une salle de gavage de 1 088 places, poursuit Géraldine. J’ai commencé mon activité, cependant avec les épisodes de grippe aviaire à répétition, ça a été compliqué. Cette année, j’ai arrêté le 25 janvier et, si tout va bien, je pourrais reprendre de juillet à décembre, mais rien n’est moins sûr. »
Un choix réfléchi
Face à ces incertitudes, Laurent et Géraldine ont entrepris de débuter un nouvel atelier dans le deuxième bâtiment racheté et non encore utilisé. « Nous avions envisagé d’élever des veaux sur caillebotis et avions commencé à nous renseigner, lorsque nous avons vu une annonce de Juviveau Productions, dans un journal agricole local, raconte l’agriculteur. L’entreprise, filiale de la coopérative gersoise Vivadour, cherchait des éleveurs pour lancer une filière des veaux sur paille de haut de gamme. Nous avons pris contact et les techniciens nous ont aidés à monter un projet et à faire des plans d’aménagement du bâtiment. »
« Je ne voulais pas de caillebotis, précise Géraldine. Le choix de l’élevage sur paille et du bien-être animal a été déterminant et l’accompagnement proposé aussi, même si l’idée d’investir encore 140 000 € dans un bâtiment m’effrayait un peu. » La visite d’un élevage équivalent à Brive (Corrèze) a fini de convaincre le couple d’éleveurs.
La paille au centre du bâtiment
Les Nabarra ont ainsi transformé leur second bâtiment en n’en gardant que la coque. Conçu en deux parties, séparées par la zone de préparation du lait, celui-ci est équipé, de chaque côté, de deux rangées de boxes, à même d’accueillir au total 140 animaux. Pour se nourrir, les veaux disposent de logettes en bois, construites sur le bord externe de l’installation.
« Au centre, nous avons eu l’idée de stocker les bottes de paille, afin de gagner du temps lors du rajout manuel quotidien dans les boxes », explique Olivier Fourcade, technicien filière bovine de Vivadour, en charge du développement du veau sur paille. Deux camions de paille des Charentes, choisie pour ne pas contenir de fer, afin que la viande des veaux reste très claire, devraient être suffisants pour assurer les cent trente jours d’engraissement. Aucun curage n’est prévu sur toute la période et le fumier sera ensuite épandu pour amender les champs.
Sécurité de l’intégration
Ce qui a également séduit les époux, lorsqu’ils ont choisi leur nouvelle activité, c’est que l’atelier soit entièrement intégré. Juviveau prend en charge le coût des veaux et du lait à 50 % de matière grasse, acheté en France, et reprend les animaux engraissés pour les amener à l’abattoir de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) ou celui de Pamiers (Ariège), au bout de cent trente à cent trente-cinq jours d’engraissement. Ils seront commercialisés par l’entreprise Maison Jucla, sous la marque l’Authentique. Cette production répondant à un besoin des commerçants, chaque bande est assurée d’être vendue. Laurent et Géraldine, quant à eux, soignent les animaux, ce qui représente une heure trente de travail matin et soir.
Leur investissement a donné lieu à une subvention PCAE (1) de 40 000 € de la région Nouvelle-Aquitaine et à un prêt de 128 000 € du Crédit Mutuel qui sera remboursé en quinze ans. Les éleveurs réaliseront, en 2022, un bénéfice net de 23 000 €, charges (paille, eau, électricité et gaz) et remboursement d’emprunt déduits. Un contrat de huit ans a été signé avec Juviveau pour 2,3 bandes par an. « Pour nous, c’est rassurant », reconnaissent-ils.
Florence Jacquemoud
(1) Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :